États-Unis : San Francisco débaptise 44 écoles et balaie son passé raciste ou esclavagiste

Un comité décide de changer le nom d’un tiers des écoles de la ville californienne. Les noms de Thomas Jefferson, George Washington, et même Abraham Lincoln et Thomas Edison sont interdits de fronton.

Par Isabelle Labeyrie

FRANCEINFO

Une école sur trois va changer de nom

Un groupe de travail constitué d’éducateurs, d’élèves et de parents a phosphoré pendant 7 heures, à la fin du mois de janvier, avant de rendre son verdict : un établissement sur trois, soit un total de 44, doivent changer de nom. Ils portent tous le nom d’un père fondateur de la République jugé trop tolérant vis-à-vis de l’esclavage, d’un conquistador, d’un missionnaire espagnol, d’un raciste ou oppresseur en tout genre ayant, plus ou moins récemment, bafoué les droits des Amérindiens, des Noirs, des immigrés, des homosexuels, des femmes, des enfants voire des animaux.

A San Francisco, il n’y aura donc plus d’école Thomas Jefferson ou de collège George Washington. Pas de lycée Abraham Lincoln qui a certes aboli l’esclavage, mais a aussi, en 1862, ordonné la pendaison simultanée de 38 guerriers sioux lors de ce qui reste la plus grande exécution publique de l’histoire des États-Unis. D’autres noms sont mis à l’index, tels que celui de l’écrivain Robert Louis Stevenson, auteur de L’Île au trésor, de L’Étrange cas du Docteur Jekyll et de M. Hyde ou encore de Voyage avec un âne dans les Cévennes, car certains de ses écrits sont aujourd’hui jugés racistes. Même celui de Thomas Edison, l’inventeur de l’ampoule électrique, car il est accusé d’avoir électrocuté plusieurs animaux, dont un éléphant de cirque très populaire, pour ses expériences scientifiques.

80% des parents approuvent les propositions de ce groupe de travail malgré leur coût, au moins 10 000 dollars par école puisqu’il faut repeindre les façades, changer le flockage des tenues de sport, des uniformes et toute la paperasse. Les familles et le personnel ont jusqu’à la mi-avril pour proposer un nouveau nom.

Néanmoins, cette initative ne fait pas l’unanimité. La maire de San Francisco, London Breed, n’a fait preuve que d’un ethousiasme modéré car son urgence, dit-elle, est plutôt la pandémie : cela fait presqu’un an que les cours se font uniquement à distance, qu’il faut s’occuper des élèves qui risquent de décrocher, et se pencher sur le protocole de réouverture des écoles. Et puis le district ne roule pas sur l’or : son déficit s’élève à près de 75 millions de dollars. Les critiques portent aussi sur la méthodologie du groupe de travail. Ce groupe n’a tenu compte ni du contexte historique ni du parcours des personnalités et s’est parfois focalisé sur des détails. Dommage, regrettent certains, qu’ils aient cherché sur Wikipedia plutôt que de faire appel à des historiens.

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