Ousmane Sène, directeur d’UCAD FM : « Maintenant, les étudiants peuvent s’écouter parler à la radio »

Dans cet entretien accordé à CESTI-Info, Ousmane Sène revient sur la mission de la radio UCAD FM dont il est le directeur. Il partage avec nous sa vision de garder la radio et les étudiants sur la même longueur d’ondes.

Quelle est la mission de l’UCAD FM ? 

UCAD FM est un instrument qui est venu s’ajouter au dispositif de communication de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il y a déjà la Direction de communication (Dircom) et la communication du rectorat, mais il fallait un instrument instantané beaucoup plus rapide et qui pouvait donner l’information à temps réel. C’est pourquoi on a créé la radio UCAD FM pour vulgariser non seulement le potentiel qui se trouve à l’université, mais informer la communauté sur ce potentiel, parce que c’est un potentiel méconnu et c’est un potentiel qui est utile qui peut profiter à toutes les communautés et permettre aussi une communication entre la communauté de savants qui est l’université et celles aux savoirs endogènes. Notre mission c’est d’assurer la convergence de tous ces savoirs, faire le link, la complémentarité qui devrait exister entre les différents savoirs.

C’est dans cette mission que nous nous sommes inscrits aujourd’hui avec les professeurs d’université. Ils viennent animer des émissions, partager leur savoir, ils animent aussi des conférences diffusées dans beaucoup de cas en direct sur UCAD FM surtout les webinaires et les vidéos conférences qui ont connu leur apogée avec la Covid 19. La radio est donc là pour donner la parole aux savants et aux universitaires, mais surtout donner la parole aux étudiants. On a vu qu’ils sont déjà là pour écouter, maintenant ils peuvent écouter et s’écouter en parlant à la radio. L’expression est libre maintenant ; peut être par manque d’expression parfois, les étudiants voulaient passer à l’action s’exprimer autrement, à travers la violence.

 La mission d’une radio s’articule autour de programmes. Quelles émissions offrez-vous à vos auditeurs ?

Nos émissions tournent autour de trois piliers qui contribuent à la formation de l’être humain de façon générale : c’est l’éducation, la science et la culture. A ce propos, nous avons des émissions qui portent sur les thèses et les mémoires, des émissions de divertissement, mais surtout des émissions qui portent sur la formation et la didactique. Nous collaborons beaucoup sur ce point avec des écoles de formation en journalisme comme le Cesti (Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’information) où des étudiants viennent animer des émissions de divertissement ou donner leur savoir parce qu’ils ont déjà des prédispositions par rapport à ce métier et viennent aussi pour la pratique.

On a des émissions interactives qui permettent aux professeurs d’universités de parler aux étudiants et aux étudiants de parler aux professeurs. Cela permet au-delà des conférences dans les amphithéâtres d’avoir le savoir dans les ondes. On a notamment une émission intitulée « Cours Magistral » où le professeur vient dans sa matière développer un thème particulier en profondeur et cela permet aux étudiants d’avoir une valeur ajoutée sur ce qu’ils apprennent dans les amphithéâtres.

Pourtant, certains étudiants reprochent à l’UCAD FM de n’avoir pas fait assez de communication pour mieux se faire connaitre.

Vous savez que vous avons tous été d’égale malchance face à l’arrivée du covid19. Après le lancement le 27 avril 2019, nous avions fixé un programme de vulgarisation. Pour toute entreprise, je pense que c’est d’abord la créativité, ensuite la commercialisation. Les gens ont eu la créativité de mettre sur pied un organe, il fallait maintenant la commercialisation et la vulgarisation. On a un document particulier qui ne coûte pas cher à l’université pour faire connaitre la radio, mais malheureusement depuis l’arrivée de la pandémie, nous n’avons pas pu non seulement célébrer le premier anniversaire de la radio, mais procéder à cette vulgarisation avec l’ensemble de la communauté universitaire.

Avant de mettre sur pied la radio, on a consulté beaucoup d’entités à l’université. Dans nos programmes, nous avons impliqué toutes les entités de l’université, nous avons passé une journée d’atelier autour de la radio pour trouver un programme qui va dans tous les sens afin que chacun s’y retrouve. La radio doit être le miroir de l’université Cheih Anta Diop, de la communauté du savoir. Maintenant, il fallait au-delà faire un suivi, aller voir les étudiants, les autres facultés, l’ensemble des instituts de l’université pour leur parler et partager avec eux le programme, ne serait-ce qu’une journée porte ouverte.

Mais depuis lors, les rassemblements sont interdits et au-delà de cette interdiction, il fallait respecter les mesures avec la distanciation physique notamment. C’est dans ce sens que nous avons mis un peu la pédale douce par rapport à la vulgarisation, mais il y a une campagne particulière visant à faire connaitre la radio non seulement au niveau de l’UCAD mais également au sein des autres universités de Dakar, il y a une émission intitulée « Allô université » qui devait faire la jonction entre les autres universités, malheureusement la mise en œuvre pose problème parce que nous n’avons pas pu faire cette tournée pour nous faire connaitre au niveau national.

Tout à l’heure, vous aviez dit que l’UCAD FM est un instrument qui donne la parole aux étudiants. Justement, les étudiants vont en grève pour faire entendre leurs revendications et affrontent souvent les forces de l’ordre. Comment UCAD FM peut-elle pacifier le climat universitaire ?

Ironie du sort, la radio a été inaugurée le samedi 27 avril 2019, le jeudi suivant il y avait une grève violente à l’université. Aussitôt après la grève, on devait enregistrer l’émission « Les Débatteurs » qui donne la parole aux étudiants, c’est à dire aux présidents de différentes amicales ou aux différentes entités de l’université. Les étudiants ont fait mouvement vers nous, arrivés en groupe. Nous avons diffusé l’émission en direct. Juste après l’émission, ils sont passés à mon bureau pour me dire : « nous connaissons votre message, nous connaissons votre mission, nous allons faire des préavis au niveau de vos ondes avant de passer à l’action ».

Mais vous savez à l’UCAD, c’est comme disait Régis Debray de Cuba « les choses passent vite du blanc au noir ». Les choses passent vite du blanc au noir parce que les acteurs ne sont pas au même niveau d’information. Il arrive parfois que des gens fassent des préavis et d’autres passent à l’action. Pour faire venir des medias classiques et que l’information soit explosive. Maintenant le plus rapide, c’est de passer à la casse et se faire entendre, c’est pourquoi quand on dit pacifier l’espace universitaire, on doit tout relativiser parce que j’ai dit qu’à l’université le jour où on se réveille tous dans le calme c’est un jour de malheur, parce que c’est le monde par essence de la controverse d’où jaillit la vérité. Il faut donc accepter la contradiction. Cette contradiction va du supportable à l’atrocité. Parfois c’est le verbe simple et parfois le verbe conjugué à l’action.

Est-ce que la radio s’est adaptée aux exigences du numérique ?

On avait déjà un programme particulier avec la DISI (Direction de l’Informatique et des Systémes d’Information). Avec le directeur sortant M. Niang, on a avait le plan de mettre sur pied une application pour avoir la radio un peu partout. Jusqu’à présent, nous sommes sur l’application Zenon, qui n’est pas accessible à tout le monde. On devait avoir une application accessible à tous pour permettre à la radio d’avoir sa chaine YouTube, avoir une connexion avec tous les réseaux sociaux pour permettre à tout monde de suivre la radio à temps réel. Nous avions démarré, nous avions même lancé le marché, mais par la suite on a changé de direction. Le nouveau directeur est venu nous rendre visite et on lui a dit qu’il fallait un suivi par rapport à ce programme. Il nous a non seulement promis, mais il a dit qu’il sera parmi ses priorités. Donc incessamment sous peu, on pourra avoir la radio un peu partout, voyager avec la radio, l’avoir au bout des doigts, l’écouter quand on voudra.

Abdou Wade

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